“Je projette ainsi non pas un après-la-mort, mais un mourir qui serait une ultime affirmation de la vie. L’expérience mienne d’une fin de vie se nourrit de ce voeu le plus profond de faire de l’acte de mourir un acte de vie”.

Paul Ricoeur, 1995.

Les personnages se nomment A, B, C et M, ce sont deux hommes et deux femmes. Ils sont dans un lieu que rien ne définit précisément et, lorsqu’ils commencent à parler, on ne sait pas qui ils sont, s’ils se parlent les uns aux autres ou chacun pour soi, s’il existe des relations entre eux ou s’il s’agit d’un groupe formé par le hasard. Peu à peu, au travers de phrases isolées et de dialogues décousus, d’invocations et d’histoires fragmentaires, finit par se dégager tout un réseau de motifs qui laissent deviner les contours d’une mosaïque biographique.

Il s’agit de l’histoire d’une jeune femme dont l’existence est marquée par l’incapacité à vivre la proximité avec les autres, le désespoir de l’échec amoureux et l’aspiration à se délivrer des contraintes oppressantes de la biographie individuelle. On suit ce travail de mémoire des personnages et l’on reconstruit par associations les blessures d’une enfance traumatisée. Différents niveaux de conscience se superposent comme dans le rêve, et des personnages du passé prennent forme par moments dans les personnages présents en scène. On regarde l’abîme des relations humaines et l’on voit se dégager l’image complexe d’une psyché dont la seule issue semble bien être la dissolution du moi dans la mort.
Au lieu d’une histoire racontée chronologiquement, il y a là une mise en scène du souvenir : la structure du processus du souvenir qui se constitue à partir d’images, de moments fragmentés et de bouts de phrases, est transposée en drame, ce qui ouvre la voie à une forme libre et musicale. Manque est un chef d’oeuvre du point de vue de la langue. Par son élégance lyrique, la richesse de ses images, la plénitude de ses motifs et de ses allusions, elle s’inscrit dans la tradition de T.S. Elliot et de James Joyce.

Thomas Ostermeier

 

Visuels: ©Maxime Allex Photos: ©Virginie Megnier  
Oratorio-extrait par LeClairObscur

Création Avril 2008 à la Ferme du Buisson dans le cadre du Festival Labomatic Théâtre

mise en scène, conception de l’espace :
Frédéric Deslias

avec:
Sandra Devaux / Céline Bollomey
Laurent Frattale
Abigaïl Green
Nicolas Combrun

création sonore:
Jean-Noël Françoise
Arnaud Léger
Léopold Frey

création lumière:
Stéphane Babi AUBERT
Nathalie Giboult
Frédéric Hocké

vidéo:
José GHERRAK
Maxime ALLEX

développement logiciel:
Léopold FREY

décors / régie générale:
Thomas TURPIN
Max Legoubé

Production :
Le Clair-Obscur / La Ferme du Buisson, Sc. Nat. de Marnes-la-Vallée
Partenaires : CDN de Nornandie/Comédie de Caen
Avec le soutient de la Région Basse Normandie et de la D.M.D.T.S. et de l'ODIA normandie

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