Résidence/Laboratoire LES FURTIFS (Damasio) à la SN61 (Alençon) du 29/10 au 6/11
Coup d’envois de notre nouvelle création autour du prochain roman d’Alain Damasio (à paraitre le 4 avril),
Le Clair Obscur sera en résidence immersion découverte de ce nouveau chef d’œuvre dystopique.
— Sortie de chantier (lecture/concert) le mardi 6 novembre à 19h à la Scène Nationale 61 (Alençon) —
En 2 mots :
« Ici les villes sont rachetées par des multinationales suite à des faillites financières du fait de leur endettement. Les agglomérations les plus intéressantes ont été rachetées par des groupes qui les gèrent non pas avec un système d’impôts mais un système de forfaits : standard, premium, privilège. Si tu es standard, tu as accès à 50 % des rues, des places, des squares de la ville. Tu te retrouves dans des squares saturés avec tous les mômes ; il y a des embouteillages tout le temps ; tu te tapes tous les endroits où il y a trop de monde. Avec le forfait premium, tu as accès à 70 % de la ville et, avec le privilège, à 100 %. Tout ceci est contrôlé via une bague connectée par des systèmes de géolocalisation, d’amendes automatisées… Ça décompte directement, si tu es citoyen standard et que tu es dans la mauvaise rue, tu te prends des prunes et au bout d’un moment tu arrêtes d’y aller. Si tu persévères, on envoie les drones et au pire les humains – parce que ça coûte trop cher les humains…
Paris a été racheté par LVMH parce que c’est la ville du luxe, Orange (où se situe notre action) est devenu une mégalopole, a été racheté par Orange parce que la marque était déjà là, Lyon par Nestlé parce que c’est la capitale de la gastronomie, Cannes par la Warner parce que c’est le cinéma. Toutes les villes intéressantes ont été rachetées et les autres sont laissées en autogestion par les citoyens, ce qui permet les utopies. Donc, tu as des utopies d’extrême droite et puis des utopies communistes, anarchistes… Le capitalisme a cessé de vouloir gérer l’ensemble de la société et s’est concentré sur des pôles. On voit des régions qui deviennent très fortes – la Lombardie en Italie, par exemple – et c’est là qu’on trouve toutes les élites, les capitaux, les investissements. Et on laisse tomber les autres zones, on s’en fout. Mais ça ouvre mine de rien des espaces, des interstices – si les communes s’écroulent, si les villes s’écroulent, ça peut amener à un nouveau système politique… » A.D.
Les Furtifs se situe dans un futur proche où l’humain est en proie à la dévitalisation, à travers la quête d’un père pour sa fille disparue avec des Furtifs, sorte de bestioles, chimères invisibles, telles qu’il faudra des chasseurs ultra formés, ultra équipés pour les déloger… Êtres d’un autre ordre, naturel et sauvage, dont la technologie aurait enfin su capter la présence… Sont-ce des mutations ? Ou des êtres parallèles évoluant à l’abri dans l’invisible depuis des milliers d’années?
Le roman suit la quête de ce chasseur de Furtifs malgré lui, à (re)trouver à travers sa traque initiatique, non plus sa puissance décuplée par les machines mais progressivement son pouvoir, sa capacité d’autonomie, sa capacité d’écoute et de perception du monde, à retrouver son Vif, enfouis. A apprendre peut être à devenir Furtif lui-même, pour (les) comprendre, celui-là même enfoui en chacun de ce que l’humaniste Alain Damasio tente de réveiller en nous…